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La dolce vita
06-04-2021

La dolce vita

Charles Richer

 

Des vacances de rêve entre mère et fille en Italie

Par Theresa Storm

 

Il y a des moments où voir un panneau arborant son nom s’élever au-dessus de la cohue est un véritable soulagement. C’est ce que nous avons ressenti à la descente du train, englouties dans la joyeuse pagaille de la gare centrale de Naples.

 

À plus de 70 ans, ma mère a entrepris le voyage dont elle rêvait. Je l’accompagne pendant ces quatre semaines. La côte amalfitaine, un joyau du sud de l’Italie, est notre nouvelle étape. Cela fait des années que ma mère entend des amis lui vanter cette région qui combine temps superbe, ruines romaines, chef-d’œuvre de la Renaissance, créateurs de mode, places publiques où il fait bon flâner, plaisirs gastronomiques et vins exceptionnels présentés par des serveurs en smoking, plages et spas.

 

Nous jouons des coudes jusqu’à Cosimo, le chauffeur qui brandit le panneau. C’est lui qui nous conduit à notre hôtel de Positano, un trajet d’une heure et demie dans un véhicule privé.

 

Les pentes boisées et la caldeira du Vésuve se profilent à l’horizon. La route monte vers la péninsule de Sorrente et la vue se dévoile : ici, le littoral du golfe de Naples et ses îles aux contours escarpés; là, les rayons du soleil qui dansent sur la mer Tyrrhénienne parsemée de bateaux. Nous traversons les monts Lattari, l’épine dorsale de la péninsule, et descendons par la Strada Statale 163. Cette étroite route aux virages en épingle serpente entre les pentes boisées et la mer bleutée pour relier les 13 villes de la côte amalfitaine. C’est l’un des itinéraires côtiers les plus pittoresques au monde.

 

Nous restons bouche bée au détour de l’un de ces virages serrés. Devant nous, Positano, agrippé aux raides falaises calcaires d’une montagne. Autrefois modeste village de pêcheurs, il est désormais couru des célébrités qui arpentent ses rues piétonnières pavées.

 

Nous enchaînons les virages en descente, puis le véhicule s’arrête dans un stationnement. Un chasseur d’hôtel nous attend. Il prend nos valises et nous guide d’un pas assuré sur un chemin sinueux bordé de cafés et de boutiques chics. De la glycine violette et du lierre vert s’enchevêtrent sur le treillis au-dessus de nos têtes.

 

Au coucher du soleil, nous nous asseyons dans la cour près de la Piazzetta dei Mulini, au centre du village, pour déguster un cocktail au son du bruissement des palmiers et des arbres alourdis de juteux agrumes. Pour le souper, nous optons pour les plats traditionnels de la cuisine campanienne, comme la pizza napolitaine, que proposent les restaurants en bord de falaise. Nous finissons tranquillement la soirée en sirotant du limoncello, une liqueur acidulée au citron de la région, perchées sur notre balcon qui surplombe le dôme en majolique de tuiles jaunes, vertes et bleues de l’église Santa Maria Teresa dell’Assunta, l’un des plus anciens monuments de Positano. De la musique s’échappe des restaurants et les lumières des édifices perchés sur la falaise scintillent telles des lucioles.

 

Quelques belles journées passées à explorer Amalfi plus tard, nous prenons le train pour le nord. Les saveurs de la Toscane nous attendent. Nous séjournons à Villa Gaia, une résidence de campagne restaurée nichée sur une colline de Seggiano, au beau milieu d’oliveraies biologiques, de vignobles de sangiovese et de forêts médiévales. Un bel homme frappe soudain à la porte. Ma mère et moi échangeons un regard ravi.

 

Sourire en coin, le bien nommé Roméo repousse une mèche de sa frange et se présente : il nous guidera dans notre immersion au cœur de la gastronomie et des vins de la Toscane. Sur les routes de campagne baignées de soleil, notre compagnon, également chef et sommelier, nous présente les quatre principales variétés d’olives toscanes et les raisons pour lesquelles elles donnent la meilleure huile d’olive extra vierge. Il passe ensuite à notre éducation vinicole.

 

Les Italiens produisent plus de sortes de vin que n’importe quel pays, révèle-t-il. La Toscane est célèbre pour ses vins rouges, dont le chianti, le sangiovese et les super toscans. La tête nous tourne devant tant de nouvelles connaissances et nous avons hâte de les mettre en pratique lors de la dégustation. Fabio Giannetti, troisième génération de vigneron, nous accueille dans la cour de la petite entreprise familiale, La Fornace.

Nous visitons d’abord les 4,5 hectares de vignobles de sangiovese, puis le potager bien fourni avant de passer à la cave. Les vins de La Fornace, notamment le Brunello di Montalcino, la spécialité de la région, sont alignés sur une imposante table en bois qui trône au milieu de la pièce. La dégustation peut commencer.

 

La cucina povera toscana, un dîner typique et rustique, accompagne les nectars. Tout est à base de produits locaux : frittata, haricots blancs toscans, aubergines grillées, bruschetta, pecorino di Pienza (un fromage de brebis), bresaola (viande séchée de la race Chianina, des de bovins toscans), salami et prosciutto. Nous arrosons les aliments d’huile d’olive de la ferme. L’atmosphère est conviviale, les plats et le vin succulents. Nous avons l’impression d’être chez des amis.

 

Le ventre plein, nous faisons une pause bien-être dans une station thermale voisine. Nous sommes dans la vallée de l’Orcia, une région sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ici se dessine un paysage illustrant le génie de la Renaissance avec des collines presque coniques et des vallons que ponctuent des rangées de fin cyprès. Nous nous prélassons dans les sources thermales curatives et riches en minéraux alimentées par le mont Amiata, un volcan en sommeil. Repartir nous arrache le cœur. C’est un épilogue parfait à notre escapade italienne au féminin.

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