04-02-2012
Safari dans le Serengeti – Le Devoir
Groupe Voyages VP
Publié le 4 février 2012 dans le Devoir – Voyage
Anne Michaud, collaboratrice
Serengeti – Tanzanie. « Écoutez! » lance notre guide. Instantanément, les conversations cessent et nous tendons l’oreille.
Il est presque 20 heures et nous sommes en plein milieu du Serengeti, la plus connue des réserves animalières de Tanzanie. Autour de nous, la nuit est noire, si noire que nous arrivons à peine à entrevoir notre guide, sauf lorsqu’il rit! Ce guide, c’est Alex Lemunge, dont la réputation dépasse largement les frontières du pays : par exemple, lorsque le milliardaire Roman Abramovitch, propriétaire du club de soccer Chelsea FC, a décidé de gravir le Kilimanjaro, c’est Alex qui fut chargé d’organiser l’expédition. Et lorsque Bruno Blanchet a voulu rencontrer les Chaggas, une tribu qui fait pousser du café sur les flancs du Kili, c’est à Alex que les producteurs de l’émission Partir autrement ont fait appel.
Ce soir, notre guide essaie de nous initier au décodage des bruits de la nuit africaine. Mais, en bons citadins plus habitués à la jungle urbaine qu’à la jungle tout court, nous n’arrivons par à identifier l’animal en question. Les hypothèses volent. Un éléphant! Une girafe! Un zèbre! Devant nous, Alex rit de bon cœur, comme il le fera souvent au cours de ce voyage devant nos questions ou nos commentaires saugrenus. « C’est un lion. », finit-il par nous dire. Un lion! Et moi qui croyais que les lions rugissaient, comme celui qu’on voit au début des films de la Metro Goldwyn Mayer! « C’est vrai que les lions rugissent, précise Alex, mais ils émettent aussi parfois un son très grave. » Et voilà qu’il imite précisément le bruit en question. Nous sommes convaincus : il y a bel et bien un lion dans les parages!
« Pas la peine de paniquer, nous dit Alex, ce lion est à quelques kilomètres du campement et il ne s’intéresse absolument pas à nous. Par contre, il y a par ici quelques hyènes qui se demandent si nous pourrons leur fournir un bon repas. » En disant cela, il promène le faisceau de sa lampe de poche autour de nous et en effet, à moins de 100 mètres, nous apercevons des yeux qui reflètent la lumière. Des hyènes! C’est pas dangereux ces bêtes-là? Encore une fois, Alex nous rassure : « Les hyènes ne s’attaquent pas aux humains mais par contre, elles seraient bien heureuses d’attraper notre souper! » Ce qui serait fort dommage parce que Monsieur White, le cuistot du camp, est un excellent cuisinier!
Alex, lui, est un excellent conteur. Chaque jour, il nous raconte quelques aventures puisées à même ses vingt années d’expérience. Généralement, il les choisit en fonction de nos demandes. Ainsi, quand l’un de nous déclare qu’il aimerait voir un éléphant de très près, Alex rétorque : « Faites attention à ce que vous souhaitez! Je me souviens d’un soir où nous campions ici-même, en plein coeur du Serengeti, avec un groupe d’étudiants. Eux aussi avaient déclaré qu’ils rêvaient de voir des éléphants de près. Quand je me suis réveillé le lendemain matin, le campement était littéralement envahi par un troupeau d’éléphants! Impossible de sortir de ma tente pour aller dire aux jeunes de ne pas bouger. Heureusement, tout le monde est demeuré bien tranquille et environ deux heures plus tard, les éléphants ont décidé de poursuivre leur chemin. Quand ils sont sortis de leurs tentes, les jeunes tremblaient et certains étaient en larmes! »
Nous nous le tiendrons pour dit! Mais, pour en revenir à notre lion, comment peut-on être certain qu’il ne décidera pas de nous bouffer durant la nuit? Devrions-nous coucher dans les jeeps? Alex calme nos craintes en nous expliquant qu’en général, l’odeur de la chair humaine n’attire pas les animaux sauvages. Mais il ne faut quand même pas les provoquer… « Il y a quelques années, j’étais en safari avec un groupe de clients et nous avons aperçu un lion et une lionne en train de s’accoupler. Les clients ont photographié et filmé la scène puis ils se sont mis à rigoler. Instantanément, le mâle a quitté la femelle et s’est élancé vers la jeep. Il s’est arrêté à quelques pouces de nous! J’ai ordonné au groupe de demeurer parfaitement immobiles et de ne faire aucun bruit. Au bout d’une vingtaine de minutes, l’appel de la nature s’est fait entendre de nouveau et le lion est retourné vers la lionne. Ces vingt minutes-là ont été parmi les plus longues de ma vie! Le lion aurait très bien pu sauter sur la jeep et nous attaquer par le toit ou défoncer le pare-brise. Quand nous nous sommes éloignés, je vous jure que personne ne rigolait plus! »
Heureusement (ou malheureusement, selon les points de vue), nous n’avons vécu aucune aventure de ce genre durant notre safari. Par contre, nous avons vu quantité de zèbres, girafes, éléphants, lions et bien d’autres animaux dont nous n’avions jamais entendu parler, évoluant en pleine liberté dans la nature. Certaines images demeureront gravées à tout jamais dans nos mémoires : une lionne qui s’abreuve à moins d’un mètre de la jeep, un troupeau d’éléphants qui traverse la route, deux girafes qui bloquent la circulation, des zèbres en train de folâtrer… De purs moments de bonheur qui nous font prendre conscience que les humains d’aujourd’hui, peu importe où ils habitent sur la planète, sont responsables de la préservation de ces beautés sauvages incomparables pour les générations futures.
« Asante sana Alex. Kwaheri! »*
* Ce qui signifie « Merci beaucoup Alex. Au revoir! » en swahili
Anne Michaud, collaboratrice du Devoir
Texte et photos Anne Michaud
Ce voyage a été rendu possible grâce à la collaboration de l’agence Voyages Fleur de Lys / Dupuis (www.groupevoyagesvp.ca).